Le projet d’exploitation minière industrielle « Bisie Tin Project » a connu une extension vers la colline du clan Bawana par la société Alpha Bisie Mining (ABM sarl). Découverte en 2002 par les communautés locales, la mine de Bisie a fait l’objet d’une exploitation artisanale entre 2002 et 2006. Les minerais provenant de ce site ont fait un boom dans plusieurs Pays du monde et dans les entreprises minières occidentales.

En 2006, le gouvernement congolais octroya à la société Mining and Processing Congo (MPC), l’actuelle ABM sarl, six (6) Permis de Recherche (4246, 5266, 5267, 5279,10346) couvrant Bisie et ses environs. Dès lors, des conflits et tensions vont naitre dans la zone. Les communautés locales, les exploitants miniers artisanaux et les négociants des minerais soutenus par des entités de traitement jadis appelés comptoirs vont se liguer contre la société MPC. Ce conflit déstabilisa toute la région. Pour tenter de calmer les tensions, la société MPC (devenue ABM) organisera des consultations avec, d’une part, une partie de la communauté locale et, le regroupement des exploitants miniers artisanaux, d’autres parts. Ainsi, trois accords furent successivement signés en 2006, 2007 et 2010. S’étant retrouvée dans l’impossibilité de réaliser ses engagements contenus dans tous ces accords, la société va initier un quatrième accord du 06 Avril 2016 avec son avenant signé le 21 Juin 2016 à Kinshasa.

Ainsi, la société ABM va décider de lancer l’exploration (recherche) et la construction d’une nouvelle usine sur la colline du clan Bawana sans signer un accord avec ce dernier pourtant c’est l’une des obligations sociétale garantie par le code minier de la RD Congo du 28 mars 2018. Cette situation a exacerbée la tension du clan Bawana contre AMB en engendrant des violations des droits humains, notamment, les menaces contre toute personne qui revendique les droits aux ressources naturelles. En date du 02 Août 2022, Fatuma Aone a été invitée par l’administrateur du territoire de Walikale et en répondant à l’invitation, elle a été directement arrêtée et détenue dans la prison de Walikale pendant 2 semaines sans être auditionnée. Le 17 Août 2022, à bord d’un aéronef de la Société́ Alphamin Bisie Mining (ABM SA), Mme FATUMA AONE MAYANO était acheminée à l’auditorat militaire de Goma où elle a passé une nuit avant d’être transféré à la Prison centrale de Goma/Munzenze où elle a fait 3 mois de détention dans des conditions inhumaines avant d’être acquittée et libérée le 18 Novembre 2022 suite à l’intervention notamment du consortium RISC, de Freedom House et de la Rapporteure des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains.

Cette situation nous préoccupe parce que les sociétés extractives ont l’obligation de respecter les lois du Pays, les instruments juridiques internationaux et les droits humains ainsi que de veiller sur la mise œuvre de leur plan de gestion environnementale et sociale (PGES) élaboré sur base des résultats de l’étude d’impact environnemental et social (EIES) qui nécessairement doit faire régulièrement objet d’audit environnemental.

Cet atelier a été facilité par FDAPID (Foyer de Développement pour l’Autopromotion des Personnes Indigentes et en Détresse) du 21 au 22 Septembre 2023 dans la salle du centre des jeunes de Walikale avec l’appui de la CHRD (Coalition for Human Rights in Development) en vue d’aider le clan Bawana et la société minière ABM à conjuguer correctement le verbe « lutter contre les minerais des conflits et de sang »